KLAUS NOMI

Klaus Nomi Projekt
(2018-2020)

Texte et direction: Pierre Lepori
Avec: Cedric Leproust (jeu), Marc Berman
Coach vocal: François Renou
Lumières: Renato Campora

Photo (c) Guy Clerc

Le projet le plus barge de La Cie TT3 présenté en avant-première au Festival In-Cité (juillet 2018), puis à Lausanne (Galerie Humus) et Genève (Théâtre Pitoëff, novembre 2018)…

Le KLAUS NOMI PROJEKT est aussi un beau livre à la couverture cramoisie (chez HumuS), qui va poursouivre sa tournée de lectures-concerts en 2019. Un hommage haut en couleur à l’une des figures marquantes de la New Wave américane, martien-chanteur à la voix de fausset qui a traversé comme un météore les nuits fauves d’un New York kitsch et pop

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Cédric Leproust (jeu)
Marc Berman (musique)
François Renou (coach vocal)
Albertine (dessins)
Pierre Lepori (texte et direction)
Cathy Ytak (préface)

Avant-première: 1er juillet 2018, 19h30
Festival In-Cité Lausanne
Esplanade de la Cathédrale

Dates de jeu:
1 juillet 2018, Festival In-Cité
16 novembre 2018, Lausanne (Galerie HumuS)
17 novembre 2018, Genève (Théâtre Pitoëff)

 

Le texte fleuve tragi-comique de Pierre Lepori est à la fois profondément nostalgique et très actuel. Apôtre infatigable de la culture queer et auteur de plusieurs beaux romans, son portrait de Klaus Nomi reste assez soft. Mais il sert à rappeler l’époque dévastatrice du SIDA qui n’est pas si lointaine et qui a peut-être disparu trop vite de nos peurs. Il fait également prendre conscience de la rapidité avec laquelle l’identité sexuelle a évolué. Du temps de Nomi on ne parlait pas encore de L.G.B.T., l’acronyme qui ne cesse de s’allonger pour inclure à présent « Q » pour question ou queer, ainsi que les intersexuels et les asexuels. Et pourtant, avec sa voix de castrat, Klaus Nomi effaçait déjà les frontières du genre. La notion de queer, qui à l’origine signifiait étrange en anglais, a pris une dimension un peu plus glamour grâce à des personnages comme Nomi. Mais au-delà de toute sexualité, ce qui ressort de ce portrait est la terrible solitude de la diva. Son originalité en faisait un ovni, ce qui est souvent le cas chez les êtres singuliers. Le livre-spectacle du Klaus Nomi Projekt nous le rend moins étrange.

Michèle Laird, « Bon pour la tête », 24 novembre 2018.

(…) Dans ce bel objet, 13 monologues baroques naviguent entre fiction et réalité pour évoquer celui qui a posé dans la vitrine new-yorkaise de Fiorucci. Oui, Klaus Nomi a tutoyé David Bowie. Oui, il a allumé la jeunesse de l’Underground avec son nœud pap et sa tessiture de voix surnaturelle – il pouvait passer du baryton-basse au contre-ténor en un claquement de doigts. Et, peut-être, Nomi a-t-il aussi défunté à l’écoute du Stabat Mater, de Vivaldi… Peu importe la vérité biographique, au fond. Tout dans ce texte dit le mélange d’exquises extases et de kitsch assumé du dandy. «Tu surgis telle une cathédrale dans une nouvelle de Proust. N’appelez pas ça le coup de foudre, le coup de foutre! C’est plus encore, c’est un cataclysme. Tu es l’œil du cyclone et du cyclope, chromé comme une bétaillère texane.» Tels sont les mots de l’amour en langage Nomi-Lepori.

Marie-Pierre Genecand, « Le Temps », 4 décembre 2018.

Entretien par Anne Gillot, Radio Suisse Romande, Espace2, « Magnétique », 7 janvier 2018.





Photos: Lausanne, 1er juillet 2018, © Michel Pennec, Guy Clerc, Eric Coulaud

Nous sommes des créatures tellement mobiles que les sentiments que nous feignons, nous finissons par les éprouver: petit cours à l’intention de nos bonnes pommes, surtout de leurs mamans, et des mémères décorées comme des arbres de Noël. D’ailleurs, Noël approche, il fait froid sur la 5e Avenue. Atmosphère de maison close décatie, décadente, dissidente, c’est-à-dire dix fois pire que la moyenne. Vous m’excuserez si je m’exprime si mal, mesdames et les enfants. J’ai dû fuir ma langue maternelle, ma mère avec. Mais j’ai quelques peines – quelque pain – à m’abandonner au nouvel idiome. L’abandon, d’abord, quel mot cocasse. Il y a donc en moi une errance, droit à l’erreur d’errer, qui est tout à la fois le masochisme de l’étranger qui ne se cache pas et la fascination linguistique pour les débris du corps d’avant. C’est clair? Non, passons. Ne trouvez-vous pas fascinante Anna Magnani quand elle mastique l’anglais comme un singe dans le Carrosse d’or de Renoir? Je m’en suis inspiré, sachez-le: quand je dis surely to the sea – dans la chanson de Pelvis –, c’est un hommage à son piteux accent. Du Beethoven à contre-jour pour faire glamour. Vous ne croyez pas sincèrement que je suis simplet, que je n’ai pas peaufiné mon anglais en tant qu’artiste? Revenons à nos moutons, si vous voulez bien, à mon cours pratique du bazar de l’ego. Vous l’aurez compris, je ne suis pas un intellectuel, je ne peux que bricoler. Du braconnage, c’est ça.